Décryptage de leurs tenues à travers les âges
On les imagine avec des casques ornés de cornes, des armures scintillantes ou des tenues rituelles peintes à la main.
Mais que portaient réellement les grands guerriers et guerrières de l’histoire ? À quoi ressemblaient leurs vêtements de combat, leurs armures, leurs accessoires ?
Loin des fantasmes hollywoodiens, les recherches historiques révèlent des styles travaillés, techniques, symboliques, où la beauté n’était jamais séparée de la stratégie.
Enfile ton casque (sans cornes !) et partons explorer les tenues de combat légendaires – de l’Europe médiévale aux jungles d’Amérique du Sud, des steppes africaines aux temples nippons.
Les Samouraïs (Japon, XIIᵉ - XIXᵉ siècle)
Élégance mortelle et codes d’honneur en soie et acier
Les Samouraïs japonais étaient des guerriers aristocrates, liés par le code du Bushidō – la voie du guerrier – qui valorisait honneur, loyauté, discipline et mort digne. Leur apparence reflétait cette philosophie.
→ L’armure : le yoroi ou le dō-maru
- Composée de lamelles de cuir, de fer ou de laque, reliées par des lacets de soie (appelés odoshi), souvent colorés selon le clan.
- Les armures étaient conçues pour être souples et légères, permettant une grande liberté de mouvement à cheval.
- Le torse était protégé par le dō (cuirasse), accompagné de manches (kote), jambières (suneate) et épaulières (sode).
→ Le casque : le kabuto
- Très reconnaissable, souvent orné de crêtes (maedate) représentant des animaux, des divinités ou des symboles du clan.
- Le masque facial (menpō ou hōmen) pouvait inclure une moustache effrayante ou des dents pointues, destinées à intimider l’ennemi.
→ Les vêtements sous l’armure
- Un kimono de combat appelé shitagi et une jupe culotte (hakama) en dessous de l’armure.
- Les tenues étaient faites de soie ou de coton, selon le statut du samouraï.
🎴 Détail marquant : les samouraïs portaient aussi des armoiries familiales brodées, appelées mon, et choisissaient leurs couleurs avec soin pour affirmer leur prestige.
Les Vikings (Scandinavie, VIIIᵉ - XIᵉ siècle)
Cottes de mailles, tuniques de laine et badassitude sans cornes
Les guerriers vikings sont parmi les plus fantasmés – notamment à cause des séries modernes. Mais les fouilles archéologiques et les sagas nous offrent une image précise et pragmatique.
→ L’armure réelle : sobriété et efficacité
- Pas de casques à cornes ! Les casques retrouvés sont en fer, souvent coniques, avec un nasal (barrette centrale) pour protéger le nez.
- Peu d’armures complètes : seuls les plus riches portaient des cottes de mailles en fer, longues jusqu’à mi-cuisse.
- Les guerriers ordinaires portaient des protections en cuir, ou des vêtements épais rembourrés (gambisons).
→ Les vêtements de base
- Une tunique en laine, un pantalon ample resserré aux chevilles, et des bottes en cuir cousues à la main.
- Le tout souvent décoré avec des broderies géométriques ou végétales, selon les ressources locales.
→ Les accessoires
- Une ceinture en cuir pour accrocher la hache, l’épée, le couteau (seax).
- Un manteau en laine, fermé par une broche en métal (souvent ornementée).
🪓 Détail marquant : les Vikings aimaient les bijoux d’argent et d’ambre, portés même au combat – des symboles de force, de foi et de statut.
Les Aztèques (Mexique, XIVᵉ - XVIᵉ siècle)
Panaches colorés et cuirasses en coton : l’esthétique de la guerre rituelle
Les guerriers aztèques combattaient pour capturer des ennemis destinés aux sacrifices. La guerre était à la fois tactique, spirituelle et symbolique, et cela se lisait dans leurs tenues.
→ L’armure : le ichcahuipilli
- Une armure de coton rembourré de sel ou de pierre ponce, incroyablement résistante aux flèches et légère à porter.
- Parfois recouverte de cuir ou d’écailles animales.
→ Les habits rituels
- Chaque rang militaire (Jaguar, Aigle, Ocelot…) portait une tenue spécifique en peau d’animal, souvent brodée de plumes.
- Les panaches (quetzalapanecayotl) étaient faits de plumes de quetzal, très rares et précieuses.
→ Le casque
- Parfois façonné en forme de tête d’aigle ou de jaguar, pour incarner les qualités de l’animal totem.
🦅 Détail marquant : la couleur du costume dépendait du nombre de captifs faits au combat – la tenue disait le grade du guerrier avant même qu’il n’attaque.
Les Guerriers Zoulous (Afrique australe, XVIIIᵉ - XIXᵉ siècle)
Boucliers géants et peaux d’animaux pour frapper vite et fort
Les Zoulous, sous le règne de Shaka Zulu, ont développé une tactique militaire d’élite appelée "la corne du buffle". Leur équipement était adapté à des mouvements rapides et des assauts brutaux.
→ Les vêtements
- Très peu de vêtements, pour une liberté de mouvement maximale.
- Les guerriers portaient des pagnes de cuir ou de tissu, souvent décorés de coquillages ou de plumes.
- Les chefs et vétérans portaient parfois des peaux de léopard ou d’autres fauves, symboles de prestige.
→ Les armes
- L’iklwa, une lance courte conçue par Shaka pour le combat rapproché.
- Le bouclier zoulou (isihlangu) en peau de bœuf, très large (jusqu’à 1,5 m), pour protéger presque tout le corps.
🦁 Détail marquant : les tenues pouvaient inclure des éléments destinés à effrayer l’ennemi – peintures de guerre, coiffes, hurlements rituels.
Les Amazones du Dahomey (Bénin, XVIIᵉ - XIXᵉ siècle)
Femmes guerrières, habillées pour tuer et gouverner
Armée d’élite du royaume du Dahomey, les "Amazones africaines" étaient des guerrières redoutées par les colons européens.
→ Les tenues
- Pantalons en tissu léger, tuniques courtes, bandeaux en tissu – conçus pour la mobilité et la discrétion.
- Couleurs foncées pour se fondre dans les feuillages.
→ L’équipement
- Armes à feu à la fin du XVIIIe, mais aussi machettes, lances, arbalètes.
- Boucliers et protections légères en cuir.
→ Symbolique
- Chaque guerrière faisait vœu de célibat et était considérée comme "épouse du roi", mais libérée des rôles féminins traditionnels.
- Leur tenue affirmait cette ambiguïté : ni féminine ni masculine, mais sacrée et martiale.
Les Hoplites grecs (Grèce, VIIᵉ - IVᵉ siècle av. J.-C.)
Bronze, cuir et géométrie guerrière
Les Hoplites étaient les fantassins lourds des cités grecques. Leur apparence est bien connue grâce aux fouilles archéologiques et aux vases antiques.
→ L’armure
- Casque corinthien en bronze, avec fente pour les yeux et le nez, souvent surmonté d’un cimier en crin de cheval.
- Cuirasse en bronze (cuir thoracique) ou en lin renforcé, selon les ressources.
- Jambières (cnémides) et grand bouclier rond (hoplon).
→ Les vêtements
- Une tunique courte (chitoniskos) et une cape rouge ou noire (chlamyde).
- Sandales de cuir ou pieds nus.
🎯 Détail marquant : les Hoplites combattaient en phalange, et leur tenue permettait de tenir la ligne avec cohésion visuelle et protection maximale.
Des tenues de combat pas uniquement pratiques
Les tenues de combat des guerriers et guerrières légendaires n’étaient pas que pratiques :
Elles étaient pensées comme des outils de survie, d’expression, de dissuasion, voire de séduction spirituelle.
Chaque matière, chaque symbole, chaque coupe disait quelque chose du rang, de l’ethnie, de la foi, de la tactique.
Et même en pleine guerre, l’esthétique comptait : pour affirmer son identité, pour inspirer ses troupes, ou pour intimider l’ennemi.
Alors oui, les guerriers étaient badass, mais jamais au hasard.
Ils portaient des histoires, des dieux, des ancêtres…
Et leurs vêtements étaient autant des armes que des armures symboliques.