Il fut un temps où l’on vivait au rythme du ciel. Où l’on observait la course du soleil comme on lit un poème sacré. Où les jours les plus longs étaient célébrés par des feux gigantesques, des danses, des offrandes à la terre et des chants au ciel. Ce temps n’est pas perdu. Il vit encore, sous un autre nom, dans les cœurs de celles et ceux qui écoutent la nature. Et parmi ces fêtes ancestrales, Litha est l’une des plus vibrantes.
Mais qu’est-ce que Litha exactement ? Quels sont ses liens avec les mythologies du monde, ses origines historiques, et comment d’autres cultures célèbrent-elles ce moment sacré ?
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Qu'est ce que Litha ? Un fête solaire païenne
Litha est le nom donné dans le calendrier wiccan et néo-païen à la fête du solstice d’été, c’est-à-dire le jour le plus long de l’année, généralement autour du 21 juin dans l’hémisphère nord. Dans le cycle sacré de la Roue de l’Année, Litha est l’un des huit sabbats (fêtes saisonnières), au sommet de la lumière, en opposition au Yule, le solstice d’hiver.
À Litha, le soleil est à son zénith. C’est la période de l’abondance, de la fertilité, de la pleine puissance de la nature et du feu créateur. Mais c’est aussi un point de bascule : dès le lendemain, les jours raccourcissent. Ce qui fait de Litha une célébration à la fois joyeuse et poignante — un chant d’amour au soleil, avant son lent déclin.
Les origines anciennes de Litha
Les festivités du solstice d'été, connues sous divers noms à travers les âges et les cultures, occupent une place prépondérante dans l'histoire des civilisations. L'une des appellations les plus notables est "Litha", un terme anglo-saxon mentionné par le moine Bède le Vénérable au VIIIᵉ siècle. Dans son traité "De temporum ratione" (Le comput du temps), Bède décrit le calendrier anglo-saxon, désignant le mois de juin comme "Ærra Litha" (avant Litha) et le mois de juillet comme "Æftera Litha" (après Litha). Cette nomenclature souligne l'importance accordée à cette période de l'année par les Anglo-Saxons.
Cependant, bien avant que le terme "Litha" ne soit employé, de nombreuses cultures préchrétiennes célébraient le solstice d'été, marquant le jour le plus long de l'année et le point culminant de la puissance solaire. Ces célébrations du solstice variaient en fonction des croyances et des traditions locales, mais elles partageaient souvent des thèmes communs de lumière, de fertilité et de renouveau.
Chez les Celtes :
Les Celtes, peuple profondément connecté aux cycles naturels, honoraient le solstice d'été par des feux de joie allumés au sommet des collines. Ces feux rituels, connus sous le nom de feux de la Saint-Jean après la christianisation, étaient censés protéger les récoltes et le bétail, tout en célébrant la fertilité de la terre. Les participants dansaient autour des flammes et sautaient par-dessus pour attirer la chance et éloigner les esprits malveillants.
Chez les peuples Germaniques et Nordiques :
Dans les traditions germaniques et nordiques, le solstice d'été, ou "Midsummer", était une période de festivités intenses. Bien que les sources historiques spécifiques soient limitées, il est largement admis que des feux de joie étaient allumés pour honorer le soleil à son zénith. Ces célébrations incluaient des danses, des chants et des rituels solaires visant à assurer la prospérité et la fertilité. Certaines traditions mentionnent également des sauts au-dessus des flammes pour porter chance et éloigner les mauvais esprits.
Chez les peuples Slaves :
Les Slaves célébraient la "Nuit de Kupala" (ou "Noc Kupały") autour du 23-24 juin, une fête marquant le solstice d'été et associée à des rites de purification et de fertilité. Les jeunes filles tressaient des couronnes de fleurs qu'elles laissaient flotter sur l'eau, tandis que les jeunes hommes tentaient de les récupérer, symbolisant ainsi la quête de l'amour. Les feux de joie étaient centraux dans ces célébrations, les couples sautant par-dessus les flammes pour sceller leur union et assurer leur bonheur futur. On croyait également que cette nuit-là, la nature révélait ses secrets, notamment par l'apparition éphémère de la mythique fleur de fougère, censée apporter richesse et sagesse à celui qui la trouvait.
Chez les Grecs et les Romains :
Dans la Grèce antique, le solstice d'été coïncidait avec la fête de Kronia, célébrée en l'honneur de Cronos, dieu de l'agriculture. Durant cette fête, les barrières sociales étaient temporairement abolies : maîtres et esclaves partageaient les mêmes repas dans un esprit d’égalité, reflétant une nostalgie pour l'âge d’or révolu. Chez les Romains, une fête similaire, les Saturnales, était célébrée en décembre en l’honneur de Saturne, équivalent romain de Cronos, avec des caractéristiques comparables de renversement des rôles sociaux et de festivités communes.
Chez les peuples d'Amérique latine :
Les civilisations andines, notamment les Incas, célébraient l’Inti Raymi, ou "Fête du Soleil", en l’honneur d’Inti, le dieu solaire. Cette cérémonie, qui avait lieu lors du solstice d’hiver de l’hémisphère sud, autour du 24 juin, était l’une des plus importantes de l’Empire inca. Les festivités comprenaient des processions, des danses, des chants et des offrandes de maïs, visant à remercier le soleil pour les récoltes passées et à solliciter sa bienveillance pour l’année à venir. Des sacrifices d’animaux étaient également pratiqués pour assurer la prospérité de l’empire.
Ces diverses célébrations du solstice d’été illustrent l’importance universelle du soleil et de ses cycles dans les civilisations anciennes. Elles témoignent d’une reconnaissance profonde de la nature et de ses rythmes sacrés, ainsi que d’une volonté commune de s’harmoniser avec les forces cosmiques pour assurer fertilité, prospérité et équilibre communautaire.
Les fêtes du solstice d'été dans le monde
Région |
Nom de la fête |
Élément central |
Scandinavie |
Midsommar |
Feux de joie, danses, couronnes de fleurs |
Slaves (Ukraine, Russie…) |
Ivan Kupala |
Eau, feu, rituels amoureux |
Andes (Pérou, Bolivie…) |
Inti Raymi |
Honneurs au dieu Soleil, offrandes |
Europe chrétienne |
Saint-Jean |
Feux de joie, herbes sacrées |
Wicca & néo-paganisme |
Litha |
Roue de l’année, apogée solaire |
Inde (symboliquement) |
Festival de Rath Yatra |
Célébration de Krishna, char solaire |
L’humanité entière célèbre la lumière, d’une façon ou d’une autre. Litha n’est pas une niche ésotérique : c’est un archétype universel.
Le sens symbolique de Litha
Litha, c’est un archétype.
- C’est le moment où le Dieu solaire atteint sa pleine puissance, avant de commencer son lent déclin.
- C’est l’union du Dieu et de la Déesse, dans une explosion d’abondance, d’amour et de création.
- C’est la nature à son apogée : les fleurs sont ouvertes, les arbres sont pleins, les corps sont vivants.
Mais Litha, c’est aussi l’amorce du retour à l’ombre. Il nous enseigne que même la lumière contient en elle le germe de son effacement, et que la sagesse consiste à accueillir le cycle, sans vouloir le figer.
Rituels païens traditionnels de Litha
Même si chaque tradition a ses propres gestes, on retrouve souvent :
- Des feux de joie (purification, transformation, danse),
- Des couronnes de fleurs (fertilité, beauté solaire),
- La cueillette d’herbes médicinales (considérées comme plus puissantes ce jour-là),
- Des bains dans les rivières, lacs ou rosée du matin (purification),
- Des rites amoureux (bénédiction de couples, promesses d’union),
- Des offrandes à la Terre (miel, fleurs, fruits, graines…),
- La fabrication de talismans solaires (avec du laurier, du tournesol, de l’œil-de-tigre…).
Litha, mémoire d'un monde solaire
Litha est une mémoire vivante. Un rappel que la lumière mérite d’être célébrée, honorée, vécue pleinement. Mais aussi qu’elle est éphémère, et que c’est ce passage même qui en fait sa beauté.
En fêtant Litha, tu renoues avec les peuples d’avant, les rythmes oubliés, les mythes dormants. Et tu fais rayonner ton propre feu intérieur, au service d’un monde plus doux, plus sacré… plus vivant.